Matias Rodriguez

Quelle que soit la nature du sondage, je suis toujours perplexe quant au faible échantillon utilisé et quant au décalage entre le déclaratif et les faits. 1618 individus interrogés dans le sondage Harris plaçant Marine en tête des sondages, Ce qui sépare Marine Lepen des autres candidats ce sont 32 personnes. Au delà du tiercé gagnant, ce qui est interessant sur cette "photographie" de l'humeur des Français, dans un contexte où Sarkozy agite ses thèmes de prédilection (sécurité, immigration), c'est la typologie du vote. Marine Lepen attire un électorat plutôt masculin, de sa tranche d'âge (35-49 ans) et populaire. Nicolas Sarkozy a un électorat plutôt âgé de catégorie socio-professionnelle supérieure ou paradoxalement des inactifs. Martine Aubry attire un électorat féminin, d'âge moyen et non caractérisé socioprofessionnellement. Il est à noter un public très jeune (18-25 ans) où le vote Villepin et Besancenot est très élevé. Bayrou a un pourcentage élevé dans la tranche d'âge 25-34 ans. Les votes Mélenchon ou Joly sont uniformes et relativement bas. Le vote populaire échappe pour le moment à l'extrème gauche. Marine Lepen capte majoritairement un électorat d'extrème droite mais également sans préférence partisane ( ce qui cautionnerait un vote de ras le bol). Martine Aubry fait le plein des voix socialistes et attire sympathisants des Verts et du Front de Gauche (vote utile). Chacun attire majoritairement les électeurs de son camp, mis à part Eva Joly. Par rapport à 2007, les reports de voix des 2 principaux candidats se font principalement vers leur camp. Il faut noter 21 % des électeurs de Nicolas Sarkozy ayant pour intention de vote Marine Lepen. Le vote Bayrou en 2007 se reporte seulement pour un tiers sur ce même candidat avec un report très important sur les candidatures Villepin, Aubry et Lepen.

Au regard de ce sondage, malgré le nombre de candidat de droite (Sarkozy, Villepin, Morin et Bayrou), c'est la gauche qui est fragilisée (39 % d'intentions de vote, seulement).

Il est urgent pour la gauche de reconquérir les classes populaires.

Il faut dire que ces cantonales sont à bailler et sont la dernière bataille avant l'application de la réforme des collectivités territoriales Le conseiller général sera élu pour 3 ans seulement et je fais le pari que l'abstention sera le grand gagnant de cette élection. Pendant ce temps, un vent de liberté souffle sur les pays arabes. Une soufflante pour ceux qui croyaient ce peuple incapable se rebeller au nom de valeurs démocratiques. Des révolutions que personne n'avaient vu venir. Après une série de bourdes (involontaires ?), MAM s'apprête à faire ses valises et déjà 2 personnes se gargarisent. Dominique de Villepin, qui a rendu sa carte de l'UMP, pourrait céder à la tentation du quai d'Orsay et Juppé, qui se prépare en cas de désistement de Sarkozy, est également intéressé. Les ennemis d'hier seront les amis de demain. Pendant ce temps, la machine à perdre est en route, les candidats déclarés ou putatifs aux primaires du PS paufinent leur stratégie pour les présidentielles. Mauvaise nouvelle pour la gauche, c'est un signe qu'aucun ne s'impose. Du coup, tout le monde croit à sa bonne étoile. Le processus des primaires est beaucoup trop long et est dévastateur. Amateurs de paris, il y a de grosses cotes à jouer pour 2012.

J'ai décidé de me présenter aux primaires ouvertes à la gauche. Et pourquoi pas, après tout ? Ma sensibilité n'est pas représentée à travers les candidats nettement à la droite du PS, mis à part Arnaud Montebourg. Je suis partisan d'un socialisme nettement ancré à gauche et je déclinerai jour après jour mon programme pour 2012. Etonnant non ? Héritier d'une tradition allant de Jaurès à Mitterrand version 81, je pense que, sous couvert de réalisme politique, l'Etat se désengage de ses missions républicaines.

Le préalable doit être l'élaboration d'une nouvelle Constitution soumise au référendum, garantissant une meilleure représentativité des citoyens et des avancées majeures en terme de libertés publiques.

Une politique volontariste doit être engagée en faveur du logement, avec un programme de création massive de logements sociaux.

Pour reprendre le concept du courant Un monde d'avance, le candidat doit promouvoir à minima le 35 60 1600 20, c'est à dire 35 heures de travail hebdomadaire, la retraite à 60 ans, le Smic à 1600 euros et personne ne doit gagner plus de 20 fois le Smic. Si cela vous choque, vous n'êtes probablement pas vraiment de gauche. Si vous pensez que ce n'est pas finançable, c'est que vous ne croyez pas à une réelle redistribution des richesses et à une révolution fiscale garantissant le financement de ces réformes.

La loi TEPA doit préserver ce que j'appelerai le bouclier républicain : les fonctions régaliennes que sont l'éducation, la santé, la sécurité et la justice. Il faut avoir à l'esprit que toutes les économies opérées dans ces domaines sont à crédit. Les frais que nous devrons engager pour payer les conséquences de l'absence de moyens dans ces domaines régaliens seront nettement plus élevés : augmentation de la délinquance, récidives, augmentation des maladies non diagnostiquées ou non soignées faute de moyens et progression de la déscolarisation précoce.

Bien à vous

Martine Aubry a évidemment raison lorsqu'elle dit que la gauche ne peut gagner que si elle est uni. Les partis de gauche doivent s'engager sur un socle commun et sur un soutien au candidat de gauche le mieux placé au premier tour. Pour cela, le PS doit éviter de se poser en leadership mais plutôt comme un partenaire des autres forces de gauche. Pour le peuple de gauche, le PS doit s'engager à minima sur la retraite à 60 ans à taux plein, sur un salaire minimum et maximum. Seul Martine Aubry me parait actuellement bien placé pour les conditions de rassemblement au second tour. Mais elle aura besoin d'une gauche décomplexée et mobilisatrice au premier tour et qui mieux que Mélenchon pour mobiliser les déçus du parti socialiste.

Attention, les sondages reviennent.

Eté 1994 : c'est sûr, le deuxième tour opposera Balladur à Delors.

Eté 2001 : qui de Jospin ou Chirac l'emportera ?

Les sondages ont souvent eu tort à un an de la présidentielle tant l'opinion est vacillante et tant tout se décide pendant la campagne. Les sondeurs ont ces dernières années en tout cas influencé l'opinion et changé le cours des événements. Ségolène Royal aurait elle été candidate sans avoir été testé préalablement par les sondeurs ? Bayrou a sans doute également bénéficié de l'effet : je monte dans les sondages, donc je deviens populaire, donc je remonte dans les sondages ... On a connu des surprises annoncées : Chevènement, Balladur avec les conséquences que l'on sait. On a minimisé la hausse dans les sondages de Jean Marie Le Pen.

On teste DSK au deuxième tour de la présidentielle alors qu'on le donne perdant contre Aubry.

Alors mieux vaut choisir le candidat sans tenir compte de sa popularité à un instant T et faire confiance à sa gestion de campagne.