Une pratique semble se répandre en politique et la polluer depuis quelques années. Elle consiste à tenir un propos démagogique, souvent en rapport direct avec l'actualité, mais pas toujours. Le propos est justifié par l'homme politique en question par le fait que c'est l'expression de ce que les gens pensent tout bas. Les éditorialistes le commentent, le mettent au suffrage des auditeurs, des internautes par le biais de la question du jour. Les sondages demandent à la vox populi de se positionner par rapport à ce propos. Si l'expression populaire valide ce propos, on considère que l'homme politique dit tout haut ce que les gens pensent tout bas. Dans le cas inverse, on conclue que l'homme politique a eu le mérite de poser la bonne question. Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse pendant son mandat de réagir à l'actualité à renfort de lois, ne laissant pas le temps d'aborder les questions de manière posée. Dans le cas de Laurent Wauquiez, cela sent à plein nez le propos télécommandé par l'Elysée pour tester une idée et, en la réfutant, de recentrer le gouvernement. Laurent Wauquiez, sacrifié cette fois ci, sera sûrement récompensé à l'avenir : il reste sûrement une ambassade disponible en ouzbekhistan ou une commission d'enquête sur les effets des champignons sur l'effet de serre.
La mission de la politique, ce n'est pas de courir après un électorat ou après une opinion publique fluctuante mais de défendre des valeurs sans tenir compte de l'affect et en prenant de la hauteur.
Terra Nova, think thank proche du PS, a fait son coming out : la gauche doit, d'après Olivier Ferrand, changer de stratégie en abandonnant le vote populaire. Les concessions faites par le parti socialiste aux thèses libérales ou aux valeurs de la droite en ont fait un parti relativiste, insipide et les positions de Terra Nova, si elles sont globalement démenties par les leaders socialistes, sont assez illustratives de ce phénomène. La Porsche de DSK est bien moins grave que la politique antisociale menée par un socialiste au sein du FMI. On peut être riche et favorable à une politique de justice sociale, de réduction des inégalités sociales par le biais de l'impôt. Attention quand même aux symboles !!!
Pendant ce temps, le centre nous rejoue le refrain de l'indépendance, après avoir été partie prenante d'un gouvernement qui a mis en place le bouclier fiscal, des lois sécuritaires aux relents xénophobes et une politique de réduction drastique des budgets de fonctionnement en matière de santé, de justice et d'éducation. Rappelons que, à ce jour, Hervé Morin et Jean Louis Borloo, ministres il y a quelques mois sont toujours membres pour quelques heures de l'UMP et tomberont dans les bras de Nicolas Sarkozy s'il est qualifié au second tour, legislatives obligent.
Si la gauche abandonne le vote populaire, qui en aura la garde ? Le Front National, pardi, à moins que le Front de Gauche n'arrive à capitaliser la confiance qu'il a au niveau des collectivités territoriales et qu'il propose un programme alternatif crédible.